Texte figurant sous la croix :
DIEU PATRIE
CROIX BRISÉE
PAR L’ENNEMI EN 1942
RELEVÉE EN 1946
ICI FUSILLÉS LE 6-8-1914 PAR LES ALLEMANDS :
LAMBERT L.
LUYTEN M.
FRANCK P. ET J. FRÈRES DE WARSAGE
PENDUS LE 7-8-1914
GEELEN NESTOR WARSAGE
CLAUDE F. BERNEAU
KERFF M. FOURON-LE-COMTE
SOXHELET L. WARSAGE
ET DEUX INCONNUS.
Les organisateurs du Tour (cycliste) des Régions wallonnes et le représentant de la société du Tour de France se sont recueillis devant ce monument à Mouland en août 1995, monument dédié à des personnes exécutées à cet endroit par les Allemands.
Accusés d’espionnage, 6 furent pendus à un arbre le 7 août 1914. Parmi eux figurait Marcel Kerff (39 ans) qui, onze ans plus tôt, s’était illustré lors de la première édition du Tour de France.
Ce fils d’une famille de dix enfants (tous des garçons !), comptait avec son frère Charles parmi les pionniers du cyclisme de compétition en Belgique où le statut de coureur professionnel fut instauré en 1896. Un troisième frère, Léopold, s’essaya lui aussi à la "Petite Reine", mais il ne disputa que deux courses, en 1899, en province de Liège.
Collectionneur acharné et féru de cyclisme, Théo Broers, un habitant de Mouland, s’est particulièrement intéressé à la carrière des frères Kerff. Le vélo avec lequel Marcel a participé au Tour de France en 1903 lui avait été offert par des amis. C’était un engin à pignon fixe qui pesait une vingtaine de kilos. Marcel Kerff ne disposait d’aucune assistance technique et médicale. Cela ne l’a pas empêché de réussir des prouesses et le vainqueur final, Maurice Garin, loua ses qualités d’endurance, raconte-t-il.
Marcel Kerff s’avéra le meilleur des trois Belges qui eurent l’audace de se lancer dans l’aventure de cette première "Grande Boucle" longue de 2.428 km répartis en six étapes. Il décrocha la sixième place du classement général à cinq heures de Garin, juste devant un autre Belge, Julien Lootens, qui courait sous le pseudonyme de Samson. Avant de se mettre en évidence lors du Tour de France, le Fouronnais se classa aussi sixième de Paris-Roubaix et deuxième de Bruxelles-Roubaix en 1898.
Son frère aîné Charles fut champion de Belgique derrière moto et septième de Paris-Brest en 1901. La même année il fut le premier Belge à disputer les six jours de New York. Charles Kerff connut, lui aussi, un destin tragique. Le 15 mai 1902, il trouva la mort dans des circonstances mal définies lors de la course Marseille-Paris. La plupart des historiens du cyclisme penchent pour la version de l’accident, mais n’écartent pas l’hypothèse du meurtre commis par des supporters français rendus furieux par ses performances. Marcel Kerff disputait également ce Marseille-Paris (il termina quatrième) et il apprit la mort de son frère à son arrivée.
(D’après un article de Daniel Conraads dans "Le Soir" du 10 août 1995).